Fédération Genevoise Equestre

Le Refuge de Darwyn trouve une base à Sézenove

 


Fanny (à g.), 32 ans, a vécu dans une écurie à vache où elle ne mangeait que du foin. Retirée par la Société de protection des animaux à Fribourg elle a rejoint le Refuge de Darwyn. On la voit ici avec Campanero que le Refuge se charge de remettre en état après qu´il ait été bousculé par des méthodes naturelles de dressage. On l´appelait "le tueur"...

Ils s’appellent Fifi, Vadrouille, Citrouille, Campanero ou Fanny. Grâce au Refuge de Darwyn, association de défense des chevaux maltraités et maison de retraite équine, ils ont débuté une nouvelle vie après avoir échappé à la maltraitance ou à l’abattoir. Certains sont là simplement en retraite.

 

Créé le 17 février 2000 par la franco-genevoise Anouk Thibaud-Millet (30 ans), le Refuge de Darwyn a grandi et gagné en crédibilité au point qu’il a été reconnu d’utilité publique. Depuis le 1er octobre 2004, les pensionnaires du Refuge sont rassemblés dans une écurie privée à Sézenove près de Genève.

 

« Pour nous, c’est une grande chance que les propriétaires, les frères Gaspoz, nous aient proposé de venir ici, lance heureuse Anouk Thibaud-Millet, fondatrice de l’Association Le Refuge de Darwyn. Auparavant, les chevaux logeaient à Châtel-Saint-Denis (FR) et au Centre Equestre d’Avusy où nous habitons. Nos activités sont désormais concentrées en un même lieu. C’est une économie de temps et d’argent ».


 

A peine arrivés, Anouk Thibaud-Millet, son mari Alberto Millet et quelques bénévoles ont nettoyé et réaménagé les lieux qui hébergeaient déjà les chevaux du « Chemin d’Akita ». « Nous avons installé une dizaine de boxes et stabulations libres (photos ci-dessus) » explique Anouk Thibaud-Millet. Chaque cheval bénéficie ainsi d’un abri et d’un petit parc pour passer la nuit. La journée, en hiver comme en été, chevaux, poneys et poulains gambadent dans d’immenses parcs.

Une nouvelle vie pour les pensionnaires


Anouk Thibaud-Millet avec les poulains Vadrouille (1 an, à g.) et Capucine (9 mois) qui ont échappé à la boucherie après avoir manqué leur pointage. En été, eux et leurs compagnons partent en estivage au Col de la Faucille dans le Jura français.


Une qualité de vie bien différente de celle qu’ont connu des pensionnaires. « Certains ont été maltraités ou ont échappé à la boucherie comme ces deux poulains qui n’ont pas passé le pointage et dont les éleveurs ne voulaient plus, explique Anouk Thibaud-Millet. Certains ont été saisis par les autorités vétérinaires ou la Société de protection des animaux. D’autres viennent ici en retraite ou nous sont confiés pour des raisons de santé, financières ou personnelles. Soit on achète les chevaux au prix de la boucherie, soit on nous les donne ».

 

Anouk Thibaud-Millet se défend de l’idée que les chevaux sont malheureux en retraite. « Voyez les conditions de vie qu’ils ont ici. Ils sortent au parc tous les jours, sont nourris avec des aliments équilibrés et suivis par un vétérinaire. Je précise que nous ne faisons pas d’acharnement. Quand un cheval va mal, on arrête ».
 


Fifi, une ponette de 26 ans, et Biquette. Inséparables, ils ont été retirés de leur propriétaire sur dénonciation avec le soutien de l´Office vétérinaire vaudois. "Quand Fifi est arrivée chez nous (photos du haut), nous avons dû lui couper les sabots avec une scie à disque tellement ils étaient longs" explique Anouk Thibaud-Millet. Aujourd´hui Fifi a retrouvé la santé.


Si certains finissent leurs jours au Refuge, d’autres sont placés dans une famille d’accueil. « C’est aussi le but de notre association. Donner une nouvelle vie aux plus valides. Nous assurons alors le suivi de leur deuxième vie. Un contrat stipule notamment qu’on reprend l’animal s’il n’est pas traité correctement ».

 

Prévenir voire dénoncer les mauvais traitements fait aussi partie du rôle du Refuge de Darwyn. « Des gens nous appellent pour nous demander conseil. Il arrive aussi que des gens nous téléphonent pour dénoncer un mauvais traitement. On peut également intervenir dans des manèges ou des écuries si les conditions de vie des chevaux ne sont pas acceptables ».

 

Alors il existe évidemment des (rares) détracteurs, victimes d’ignorance ou trop soucieux de leurs intérêts financiers. « Ils ne prennent pas le temps de savoir ce qu’on fait » regrette Anouk Thibaud-Millet. Et d’ajouter « On ne se fait pas que des copains mais on n’est pas là pour embêter ou reprocher à un cavalier de donner un coup de cravache à son cheval. Notre créneau est le respect de saines conditions de vie pour le cheval : nourriture équilibrée, grand boxe, sorties régulières au parc, soins réguliers etc. ».
 


800 membres et une reconnaissance


Aidés par des bénévoles, Anouk Thibaud-Millet et son mari Alberto Millet s´investissent chaque jour pour s´occuper de leurs pensionnaires.

Aujourd’hui, le Refuge de Darwyn abrite à Sézenove 16 chevaux dont 4 sont en pension classique. « Faute de place, nous gardons ici à Sézenove uniquement les chevaux âgés ainsi que les cas graves, autrement dit les chevaux atteints gravement dans leur santé physique ou psychologique. 9 chevaux sont en pension dans le Jura et une quarantaine est en famille d´accueil » précise Anouk Thibaud-Millet.

L’association a été reconnue d’utilité publique et la collaboration avec les autorités vétérinaires cantonales est excellente. « On a travaillé dur et fait nos preuves. On est désormais pris au sérieux ! » se réjouit Anouk Thibaud-Millet. L’association vit grâce aux dons de ses 800 membres (ndlr : ils étaient 10 membres au début) et de quelques mécènes ainsi qu’à la vente des produits de sa boutique (pulls, porte-clé, vin, etc.) à Sézenove ou lors de manifestations comme le Marché-concours de Saignelégier.

 

Un système de parrainage mensuel ou annuel a été mis en place. Les sommes vont de 25 francs à 500 francs par an. Les dons libres sont aussi acceptés. Les responsables sont soucieux de la transparence. « Nous envoyons un courrier tous les 4 mois aux donateurs et membres de l’association. Y figurent les nouvelles du refuge et ses activités ainsi que les comptes » indique Anouk Thibaud-Millet. 

 

Anouk Thibaud-Millet, son mari Alberto Millet et deux bénévoles sont là tous les jours pour s’occuper des pensionnaires du Refuge. Et le travail ne manque pas entre les soins quotidiens, le nettoyage des boxes et les différents voyages pour aller chercher les nouveaux pensionnaires ou les emmener chez leurs nouveaux propriétaires. « Il y a aussi une dizaine de bénévoles qui viennent 1 ou 2 fois par semaine » précise-t-elle. Sa fille Tessy n’a qu’un an, mais elle semble déjà très enthousiaste au milieu de tous ces animaux. 


Les prochains défis


Chaque jour, les pensionnaires du Refuge de Darwyn sont sortis au parc. L´été, ils partent en estivage sur un alpage du Col de la Faucille dans le Jura français.

A l’aube d’une nouvelle année, l’équipe du Refuge de Darwyn s’est fixée plusieurs priorités dont celle d’améliorer la législation. « Les lois ne précisent pas par exemple l’âge de retraite pour un cheval ni que les animaux doivent être sortis tous les jours, regrette Anouk Thibaud-Millet. Il y a un respect de la qualité de vie à observer pour les chevaux de manège notamment. Certains ne vont jamais au parc. Ça va prendre du temps mais nous sommes motivés. Nous voulons aussi contacter la Fédération Suisse des Sports Equestres et créer une synergie avec elle ».

 

Le Refuge de Darwyn compte aussi organiser des soirées d’anniversaire pour les enfants ou des repas de sociétés. Les profits seront reversés à l’association. Pour les jeunes, des camps pédagogiques avec activités équestres et soutien scolaire seront mis sur pied l’été.

 

Textes et photos: P. M.

S’occuper des chevaux moins gâtés : une vocation



A 36 ans, Bimbo est le plus vieux pensionnaire du Refuge de Darwyn. Surexploité dans les centres équestres en France, il a été sauvé de la boucherie lors d´une foire.
 
S’occuper des chevaux moins chanceux est une vocation pour cette Vendéenne de 30 ans, cavalière de loisir établie en Suisse depuis 1985. « J’ai toujours été attirée par les chevaux que personne n’aime. Plus le cheval est vieux et mal en point, plus il m’attire. C’est une vocation, un mode de vie » sourit Anouk Thibaud-Millet qui a passé une bonne partie de sa jeunesse à la Ferme de Saint-Georges à Onex. Il y avait beaucoup d’animaux. C’était le rendez-vous des ados. Darwyn est né là-bas ».  

 

C’est en hommage à ce Darwyn, un cheval qu’elle a beaucoup aimé, qu’Anouk Thibaud-Millet a baptisé de ce nom l’association dont elle est aujourd’hui responsable. « Il est né quand j’étais adolescente. Je l’ai débourré. Il m’a beaucoup aidé dans ma jeunesse dans des moments difficiles. C’était un frère. Mais il est mort à 7 ans ».

 

Après la mort de son compagnon Darwyn, Anouk Thibaud-Millet a abandonné la gestion d’un poney club à Sézenove (ndlr : aujourd’hui l’écurie Blackyland que gère Florence Gueurce) où elle donnait des cours aux enfants. « J’ai me suis déconnectée des chevaux pendant quelques mois avant de louer une ferme à Valleiry en France voisine. C’est là que j’ai commencé à m’occuper des chevaux en retraite ou qui échappaient à la boucherie ».

 

Le 17 février 2000 l’Association Le Refuge de Darwyn voit le jour. « Et un jour je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose en Suisse pour les chevaux dans le besoin. En France, il existe pas mal d’associations qui luttent pour la protection des animaux. J’ai alors placé mes chevaux à Sézegnin chez la famille Buloz avant de les placer à Châtel-Saint-Denis et au Centre Equestre d’Avusy. Puis, nous avons déménagé à Sézenove en octobre 2004 ».

P. M.



Pratique :


Refuge de Darwyn

Anouk Thibaud-Millet, responsable

52, Ch. des Grands Buissons

1233 Sézenove (GE)

078 666 86 49
www.refuge-de-darwyn.org

info@refuge-de-darwyn.org

CCP: Refuge de Darwyn, 1200 Genève, N°17-228647-4



 

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